jeudi 23 septembre 2010

Danone: «Les Etats-Unis sont notre plus grand marché émergent»


Le Temps (Suisse)

Jeudi 23 septembre 2010

Philippe Gumy


Franck Riboud, patron du numéro un mondial des produits laitiers, a vanté mercredi lors

d’une conférence à l’Ecole hôtelière de Lausanne l’alliance du développement durable et de

la rentabilité


«Dans les produits laitiers, les Etats-Unis sont le premier pays émergent, car l’Américain moyen ne consomme que 4 kilos de ces denrées par an contre 30 kilos en Suisse ou en France.» Franck Riboud, le président et directeur général du groupe alimentaire français Danone, n’a pas peur de surprendre, titiller, provoquer parfois, pour captiver son auditoire. Mercredi, invité par l’Ecole hôtelière de Lausanne (EHL), l’homme n’a pas failli à sa réputation de patron atypique.

S’exprimant dans le cadre de l’inauguration de «l’année du développement durable et de la responsabilité sociétale» initiée par la haute école – où ces thèmes deviendront le fil rouge de tous les cours dispensés aux quelque 1800 étudiants –, Franck Riboud a résumé sa philosophie en quelques formules bien ramassées. «Il n’y a pas derésultats économiques sans résultats

sociaux. Mais je ne suis pas naïf, je veux faire des affaires, pas la charité. Car la charité n’est pas durable», a-t-il lancé.


L’exemple de l’eau d’Evian

Santé, commerce durable: le numéro un mondial des produits laitiers a fait de ces arguments sa marque de fabrique. Quel est le produit le plus durable de Danone? «Notre eau minérale Evian, et cela tant d’un point de vue social, environnemental qu’économique», a répondu sans hésiter Franck Riboud. Le PET n’est-il pas constitué de pétrole? «Oui, mais nous

diminuons le poids des bouteilles et cette matière est recyclable. Nos produits sont transportés à plus de 80% par le train. Dès 2012, notre bilan CO2 sera totalement neutre sur ce produit grâce à notre compensation via la plantation de mangroves au Sénégal. Il faut toujours considérer le phénomène de manière globale», a encore argumenté le dirigeant, diplômé de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne. Du pur marketing? Franck Riboud ne s’en cache pas: la publicité est le nerf de son domaine d’activité. L’objectif est de convaincre de la sincérité du slogan selon lequel «la nature fait partie intégrante de l’ADN de Danone». Autre mantra sur lequel Franck Riboud est intarissable: «Nous voulons apporter la santé par l’alimentation au plus grand nombre.»Avec des produits laitiers frais, comme lesyaourts Activia et Actimel. Et tant pis si l’EFSA, l’Autorité européenne de sécurité des aliments, n’accepte plus depuis le printemps dernier que ces deux produits soient vendus avec une mention assurant qu’ils sont bénéfiques pour le transit intestinal. «Ils le sont toujours, nous n’avons jamais avancé un argument qui ne soit pas vrai. Nous devons simplement trouver le moyen de communiquer

autrement au consommateur», a expliqué Franck Riboud au Temps, en marge de sa conférence. Pour lui, le travail de l’EFSA est d’ailleurs profitable à l’ensemble de la branche – même «si des réglages sont encore nécessaires, un processus normal avec une jeune institution» –, car elle pose «des règles valables pour tous».


Une mue complète

Danone n’a pas lésiné sur les moyens pour peaufiner son image actuelle. Exemple: la multinationale s’est séparée notamment de son secteur biscuit. «Trop associé aux problèmes d’obésité», selon Franck Riboud.

Côté commercial, la multinationale ne réalise plus que 10% de son chiffre d’affaires en France aujourd’hui, contre 45% il y a quinze ans. Les pays émergents, où elle n’était pas présente en 1995, ont contribué à 45% de ses 15,2 milliards d’euros (20 milliards de francs, soit un cinquième de son concurrent Nestlé) de ventes en 2009. Et sont appelés à rester un

moteur de la croissance. D’autant plus si l’on y intègre le marché américain.

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